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La troupe Kantigui, de Orodara, (chef-lieu de la province du Kénédougou), a été proclamée lauréate lors de la dernière édition de la Semaine nationale de la culture, SNC Bobo 2023. Ces « fous » de la baguette manient avec saga le balafon et donnent de l’ambiance à tout point de vue à la mode musique classique africaine.

Les virtuoses du balafon de la communauté sémè. Ils ont livré une prestation spectaculaire dans la catégorie musique traditionnelle instrumentaliste au palais de culture Mgr Anselme Titianma Sanon de Bobo-Dioulasso, à l’occasion de la 20ième édition de la Semaine nationale de la culture, SNC bobo 2023. Vêtus en uniforme, débardeurs de couleur blanche, assortis à des colles et des manches en rouge-sang truffé de cœurs blancs, à terminaisons fibreuses et soutenus par des pantalons au même tissu, les balafongistes de la troupe kantigui, coiffés de bonnets à crête, style vestimentaire se référant au chef de la basse-cour, ont créé la sensation. « Nous-nous sommes habillés en chef avec la conviction de régner en maître au cours de cette édition», s’est exclamé Yacouba Coulibaly, encadreur de la troupe et par ailleurs point focal de la culture, des arts et du tourisme de la commune de Orodara. 5 balafons, accompagnés de djembés, de tambours, de bendré et autres castagnettes complètent cet agencement instrumental qui mystifie le spectacle et le tout joué par 5 artistes. D’eux, découlent une sonorité ambiante séduite par des accords radieux et dansants, empruntée des registres purs de la saga mandé. « Nous avons presté sur deux compositions dont, l’hommage à la jeune fille lors du mariage coutumier en pays sèmè et les initiés des bois sacrés », a confié Yacouba Coulibaly. Ces artistes ont tenu en haleine le public à travers deux compositions savamment instrumentée de rythmes. Obtenant la note de 16,40/20, elle est surclasse ses adversaires et décroche le Grand prix des Arts et des Lettres (GPNAL). « Nos artistes, de la caste des griots, nous viennent de diverses régions et si certains nous arrivent avec de la compétence et du talent d’autres par contre ont peu de connaissances en la matière aussi, nous insistons sur la formation pour la quête de l’excellence afin de faire valoir la culture sémè et par de-là le rayonnement culturel du Burkina », a souligné Coulibaly. Kantigui, est en Bambara et signifie d’après lui, les détenteurs de la voix. Cela peut paraître paradoxal pour une troupe instrumentaliste, mais en pays sèmè, a-t-il expliqué, le balafon est un instrument de musique parlant et les notes musicales sont des messages. « La musique dans cette contrée se fait autour du balafon, l’élément principal il reste un élément incontournable dans notre société lors des funérailles, les moments de réjouissances, les travaux champêtres », précise-t-il. « Nous sommes fiers de cettejeune troupe bien structurée qui force l’admiration de plus uns à travers ses excellentes prestations sur le plan national qu’international qui lui permettent de compter déjà à son actif de nombreux prix et distinctions et elle a le mérite d’être considérée ambassadrice culturelle », a relevé le directeur provincial du ministère de la Communication, de la culture, des arts et du tourisme de la province du kénédougou, Geoges Bado. Créée en 2013, Kantigui effectuera sa première participation à la SNC en 2016, où elle est classée troisième. Invitée au Mali en 2017, elle honore le Burkina et reçoit le prix de la virtuosité au festival triangle de balafon, devant des troupes venues de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Sénégal. Considérée ambassadrice culturelle par le ministère en charge de la culture, elle participera au Marché des Arts et du Spectacle d’Abidjan (MASA) en Côte d’Ivoire en 2018. Au cours de cette même année, Kantigui est sacrée première régionale sous le nouveau format de la SNC.

Manque d’infrastructures et de moyens logistiques appropriés

Portée par l’Association Kièwali, créée en 2010 qui œuvre dans le domaine de l’art de la scène, le succès de la troupe Kantigui reflète selon le Dp, Geoges Bado le but de l’association qui est de valoriser le monde culturel immatériel et matériel de la province du Kénédougou et du pays des hommes intègres. En effet, carrefour d’échanges culturelles, l’association Kièwali, est un attribut du centre Yèrèdon. Et au sein de Yèrèdon, séjournent d’autres formations d’expression culturelle telle que la troupe de danse traditionnelle, Pool jeune Kièwali, la troupe  féminine de chœur populaire, Lamogya, et la compagnie chorégraphique Donko, lauréate à l’édition précédente et classée deuxième à cette édition, elle décroche cependant, le prix spécial du Fonds de Développement culturel et touristique (FDCT).

Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Le centre Yèrèdon souffre de nombreuses difficultés dont le manque d’infrastructures et de moyens logistiques appropriés. « Notre préoccupation majeure est la formation de pépites compétitives à l’international à cet effet, il nous faut un centre et des équipements adéquats », déclare le responsable du centre. C’est aussi le cri de cœur du directeur provincial qui sollicite la construction d’une salle polyvalente dans la commune de Orodara. En sus, le manque de ressources et l’absence de partenaire en dehors de la mairie sont des difficultés majeures d’après le point focal. Convenant que la culture est un élément indispensable pour l’effort de paix, ce dernier interpelle les décideurs sur le renforcement des efforts en faveur de la culture.

                                                                                  M’Tinda Béogo